L’aide humanitaire et l’aide au développement sont deux formes d’assistance différentes qui sont toutefois interdépendantes. L’aide humanitaire offre des secours immédiats et vitaux aux personnes touchées par une catastrophe naturelle ou un conflit. Quant à l’aide au développement, elle vise à répondre aux problèmes à plus long terme et permet généralement de renforcer les capacités d’une population pour qu’elle puisse faire face aux aléas et développer des moyens de subsistance durables.
Malgré leur nature complémentaire, il existe souvent un fossé entre ces deux types d’assistance au niveau national. Ceci s’explique par des programmes d’aide conçus séparément et de façon non coordonnée au niveau des donateurs.
Différences importantes entre l'aide humanitaire et l'aide au développement :
Aide humanitaire
- Court terme
- Livré en zone sinistrée
- Répond à un incident ou un événement
-- Concentré sur sauver des vies
Aide au développement
- Long terme
- Livré dans les pays en développement
- Répond aux problèmes systématiques
- Axé sur le développement économique, social et politique
Lien entre l'aide d'urgence, la réhabilitation et le développement (LARD)
En 1995, le Parlement européen a publié le rapport intitulé « Lien entre l'aide d'urgence, la réhabilitation et le développement » (LARD). Ce document visait à étudier l’efficacité de l’aide et le besoin de mettre en œuvre des interventions d’urgence qui renforcent les objectifs de développement ainsi qu’à mettre en œuvre des programmes de développement permettant aux populations et aux pays de mieux faire face aux catastrophes et aux urgences. Le but du LARD est donc d’essayer de combler le fossé important qui existe entre l’aide humanitaire et l’aide au développement. Par ailleurs, il reconnaît le besoin de conserver une certaine séparation entre les deux car chacun de ces secteurs dispose de sa propre expertise et ses propres avantages comparatifs.
L’un des piliers centraux du concept avancé dans le LARD est que le passage des programmes humanitaires à des programmes de développement n’est pas un processus linéaire. Il s’agit d’un cycle continu pendant lequel la population requière tantôt une aide humanitaire tantôt une aide au développement et ce, de façon chaotique et imprévue.
Selon l’ONU, la majorité de la population mondiale vit actuellement dans des zones exposées aux aléas naturels. On s’attend à ce que cette tendance s’amplifie étant donné qu’un nombre grandissant de personnes habitent dans des zones sismiques, côtières ou dangereuses, souvent situées dans de vastes agglomérations n’ayant fait l’objet d’aucune planification urbaine. En outre, l’OCDE estime que 1,5 milliard de personnes vivent dans des pays affectés par des cycles répétés de violence et d’insécurité.
Par conséquent, il est important que les programmes de développement abordent la question de la réduction et de la gestion des risques de catastrophes en vue de minimiser les conséquences dévastatrices des désastres et de conflits imprévus. Quant à l’aide humanitaire, elle doit bâtir de solides bases afin d’aider à réaliser les objectifs de développement à long terme (voir la feuille de renseignements Renforcer la résilience). En évitant que les programmes humanitaires ne se prolongent trop, ce qui peut causer une dépendance à l’aide, et en tentant de répondre aux causes sous-jacentes des problèmes tout en offrant une aide d’urgence, l’aide humanitaire peut permettre d’alléger l’impact des crises cycliques.
Pratiques exemplaires
Le concept du LARD souligne également le besoin de percevoir le passage de l’aide humanitaire à l’aide au développement comme un « contiguum » plutôt qu’un « continuum ». Bien qu’il existait jusqu’à maintenant une intention de se faire suivre ces deux types d’assistance de façon linéaire, on comprend maintenant qu’il est préférable qu’ils soient mis en œuvre de façon parallèle. Il est toutefois difficile de concilier les deux étant donné la contradiction qui réside dans les deux types d’aide : l’un visant à sauver des vies immédiatement, et l’autre présentant l’objectif à plus long terme de construire un avenir meilleur.
Dans cette optique, les pratiques exemplaires reposent sur les éléments suivants :
- Accroître le dialogue entre les deux secteurs au niveau des donateurs, des institutions et du pays ainsi qu’entre chacun de ces acteurs;
- Prendre davantage conscience du compartimentage des programmes et faire en sorte de le supprimer; et
- S’efforcer de développer une meilleure compréhension mutuelle entre les deux secteurs quant à leur identité, valeurs et avantages comparatifs distincts afin de permettre une intégration efficace.