
De la douleur à la grâce
Dans la ville de Tyr, au sud du Liban, la voix d'Amal s'élève. Elle est claire, forte, déterminée. Grand-mère et veuve, Amal est aussi une survivante. Sous ses vêtements noirs, ses épaules s'inclinent vers l'avant, non pas à cause de l'âge, mais à cause du chagrin, de la responsabilité et de la lourdeur de la perte.
Et pourtant, elle parle fort, avec insistance, comme pour dire : Je suis toujours là.
Autrefois déplacée par la guerre, elle est aujourd'hui un pilier de force et de guérison dans sa communauté. Grâce à son leadership, Amal est devenue une source d'espoir pour d'innombrables femmes qui vivent les conséquences d'un conflit.
Grâce au soutien psychosocial et aux séances de sensibilisation à la violence sexiste organisés par l'association Canadian Lutheran World Relief (CLWR), membre de la Coalition humanitaire, avec le soutien du gouvernement du Canada, Amal a pu transformer sa peine en courage. Ces sessions ont créé un espace sûr où les femmes ont pu se réunir, traiter leurs traumatismes et retrouver leur sens de l'identité et de la solidarité.
« J'ai trouvé du réconfort en participant aux séances », explique Amal. « Elles sont devenues plus qu'un simple lieu d'apprentissage, elles sont devenues un havre de paix. Les femmes que j'ai appris à connaître m'appelaient pour s'assurer que j'étais en sécurité, pour me demander comment je me sentais et comment elles pouvaient me soutenir. Je ne pouvais pas répondre à tous les appels, mais le fait de savoir qu'elles m'appelaient me rappelait que des gens se souciaient de moi ».
Les séances ont apporté plus que du réconfort. Amal y a appris comment communiquer en cas de deuil et comment soutenir ses petits-enfants, qui pleuraient la perte de leur mère.
« J'ai appris à surmonter mes peurs et à reconstruire ma relation avec mes petits-enfants », explique-t-elle. « J'aimerais que les écoles organisent des séances de ce type pour les enfants. Nos enfants ne vont pas bien. Ils ont beaucoup souffert et souffrent encore ».
Lorsque le conflit s'est intensifié au Liban en 2024, la maison familiale d'Amal à Tyr a été frappée et détruite par une frappe aérienne. Onze membres de sa famille ont été blessés et sa belle-fille a été tuée. Au Liban, plus de 4 000 personnes ont perdu la vie et plus d'un million ont été déplacées. Les femmes, qui représentent plus de la moitié des personnes déplacées, ont joué un rôle essentiel en apportant de l'aide, en gérant des abris, en accueillant des personnes déplacées et en encourageant la solidarité.
Des femmes comme Amal. Des femmes qui ont choisi de montrer la voie.
Au Liban, des femmes comme Amal ne se contentent pas de se relever. Elles guident des communautés entières vers la reconstruction. Fondée sur l'attention, la connexion et la force collective, la voix d'Amal résonne. Ce n'est pas seulement la sienne, c'est aussi celle d'innombrables femmes qui ont tout perdu et ont choisi, malgré tout, de redonner.
*Les noms ont été modifiés pour des raisons de sécurité